jeudi 3 octobre 2013

Alain Sanders, il y a une différence ...

Hier vous venez de citer d'abord Libération (qui a récemment défiguré ses pages avec une annonce bête et blasphême pour un magazine "d'humour" dont la rédaction a donné des envies incendiaires pas injustes, mais ça c'est autre chose), ils avaient dit (j'abrège):

"Certes, peu de Roms s'intègrent ... Et alors?"


Et vous de commenter:

"Révélateur, cet Et alors?, d'une certaine gauche etc."


Et plus loin:

"Avec des Et alors? de ce genre on peut aller très loin. Par exemple: les voyous ..."


Alain Sanders, dans votre enfance plus marocaine que française et plus policière que civile, ça a pu vous dépasser un peu, mais depuis vous avez eu le temps de voir un peu plus loin que votre éducation ... par exemple que le fait de ne pas s'intégrer est un fait d'un tout autre type que le fait d'être voyou.

J'ai fui la Suède parce qu'une certaine gauche (notemment une ex-collègue inspirée de la gauche française) et une certaine droite trop protestante et bourgeoise n'avaient pas pu faire cette différence. D'un Catholique de Droite, j'attends normalement un peu plus que ça.

Ce que Peillon reproche aux écoles libres, c'est de ne pas se vouloir intégrer, non? Ce que la psychiatrie de Nikita reprochait aux Chrétiens, c'était aussi de ne pas se vouloir intégrer.

Vous parlez d'histoire et pour celle des Harkis vous pouvez pleurer, mais les Tsigans aussi ont une histoire. Certains semblent oublier certains parties moins obscures comme Autriche sous Dollfuß et se concentrer sur les plus obscures, comme Autriche sous Zeiß-Inquart, Portzschy et Hitler. Et de confondre ma loyauté envers l'une des choses avec une loyauté non-existante vis-à-vis l'autre. Mais ceci n'empêchent pas qu'ils ont une histoire et celle-ci une histoire d'errance. Elle a été soutenue avec des privilèges papales. Et les exigences d'intégration n'ont pas la meilleure valeur dans leurs oreilles. Dire "mendiez, mais volez pas", je crois qu'ils comprennent et que certains le font. Dire "ne mendiez plus, c'est une agression", c'est un peu autre chose.

Que certains sentent "une agression" quand il y en a beaucoup, parce qu'ils se sentent stressés, c'est une chose. S'il y en a très beaucoup, je crois qu'il y en a qui comprennent "finie la fête, bonne chance ailleurs". [Et à eux-mêmes de décider où, dignité ... ] À moins qu'on leur pose les choses de manière de les stresser. Il y en a qui se disent dans ce cas "personne donne, or, nous avons le droit de survivre, nous avons donc le droit de voler". Il y en a qui font même plus.

Pour eux, l'intégration coûte souvent de se soumettre à la paperasse des gens dont les talents semblent plus aptes à mémoriser des tabelles de statistique et de les appliquer sans considération pour la dignité d'autrui, qu'à la poursuite des études littéraires. Quand à vous, vous avez une plume et votre intégration ou manque de telle se discute. Vous n'êtes pas en train de remplir des papiers ou de signer des papiers que d'autres ont remplis en vous questionnant. Comme on demande aux Roms.

Vous n'êtes pas en train de chercher travail en le trouvant sous un franc-maçon après un autre qui vous trouve trop Catho et se met à vous trouver gentil mais en besoin d'une petite leçon, comme ce fut le cas les années entre la mort de ma grandmère et ma non-intégration volontaire au plus beau village de la Suède - en attendant soit un oui ou non (et le dernier raisonné après de m'avoir écouté, j'avais déjà eu un non paniqué) d'une fille, soit une raison supplémentaire d'aller en monastère, comme une expulsion de la maisonette attachée. Une non-intégration qu'on m'a fait payer comme s'il s'agissait d'une maladie à soigner.

Ceux qui ont accueilli les écrivains de La Cité Catholique ont bien fait dedans, mais très mal fait en enlevant comme des Communistes à la sauce Catholique Militariste des enfants de leurs mères et pères. J'ai peur que certains dans le groupe aient pu sombrer dans l'acceptation des valeurs non-Catholiques, parce qu'acceptées par ceux qui les avaient acceptés quand la France était chaude. Pour un Catholique, la gratitude a des limites vis-à-vis les hommes. Si un aveugle vous invite à dîner, priez pour lui, faites-lui les faveurs qui vous voulez, mais n'écrivez pas que vous ne voyez plus des couleurs ni des formes, pour ne pas blesser la sensibilité de l'aveugle, ne vous aveuglez pas pour lui! Et il me semble que Notre Seigneur Jésus-Christ connaissait bien l'histoire des Æsir qui ont survécu de manière déformé car divinisé dans la mémoire de chez nous. Car si Wotan avait ôté son œil droit, peut-être avait-il une pire raison que de ne pas tomber en tentaison. Et su Tiwas avait risqué et perdu son bras droit, peut-être sa raison était pire que de ne pas être tenté par sa main droite. Je vous demande sérieusement, si un borgne vous invite chez lui, ne vous borgnez pas pour lui faire plaisir! Ce n'est pas ça que Notre Seigneur vous demande. D'ailleurs, les Pères de l'Église disent que ce qu'il faut faire n'est pas une opération dans la chair mais dans le cœur, pas dans le corps mais dans la volonté.

Vous avez dit le chiffre de morts sous le coup d'état de Pinochet: 3200. Je viens de voir sur la wikipédie que dans le bagne de Salazar à certaine époque sont mort 32. En total (hormis les condamnés à mort pour des crimes, ça c'est autre chose). Il y en a qui me veulent pour sympathiser avec Salazar, peut-être à cause du bagne politique. Mais ils ne me surprendront pas de dire que Pinochet était idéal, peut-être tout juste le moindre mal à côté d'Allende à moins. Quand vous écrivez des choses comme votre Et alors? il y en a qui m'en voudront pour lire régulièrement PRÉSENT. Mais je le fais plutôt pour Jeanne Smits que pour vous.

Je respecte normalement les travailleurs du petit matin. Même s'ils me réveillent. Même s'ils me réveillent à une heure quand j'ai eu trop peu du sommeil.

Exception notable, il y a des gardiens d'immeuble qui me veulent déloger trop tôt sans même m'offrir un café. L'immeuble est le leur, mais le sommeil est le mien. Et s'ils me disent que j'aurais pu aller dans les dortoirs des héberges de nuit, bon, leur communisme me déplaît autant que leur prétention de savoir mieux que moi si on y dort bien sans amis et sans vin et sans hachiche. J'y trouve pas un groupe d'amis. Pas comme vous dans la rédaction. J'y veux pas aller bourré ou défoncé soir après soir pour avoir un espoir raisonnable de ne pas perdre trop d'heures de sommeil. Parce que moi, je ne veux pas sombrer dans l'alcoolisme ou l'us ou l'abus quottidien de hachiche.

Ma rédaction se trouve dans les bibliothèques, y compris la très gauchiste BU de Nanterre - Paris X. La plupart m'accueillent avec chaleur personnelle, mais pas exactement avec interêt pour ma production. Et toutes les autres ouvrent plus tard encore, donc pas de bol ni d'utilité pour moi d'être réveillé à parfois cinq du matin. Et si un soir je voudrais quitter Georges Pompidou (aussi de gauche, et là il y a des gens nettement moins accueillants envers même ma seule présence qu'à Nanterre, parmi certains accueillis, souvent immigrés, mais non seulement) et si je voudrais quitter Georges Pompidou avant dix heures, j'aurais quand même pas un endroit pour dormir plus tôt.

Pour revenir à ces travailleurs du petit matin que je respecte normalement, il y a parmi éboueurs comme porteurs de journaux (métier qui me faisait mal même les weekends une certaine suite de mois avant de recupérer la bourse universitaire) et parmi les marchands aussi, pas mal de Musulmans qui se sentent honnêtes et qui le sont, et qui se sentent plus honnêtes que certains d'autres, et qui ne le sont pas. Quand vous parlez des gens à côté de qui Valls aurait une bouche bien polie (comme si c'était à propos quand sa logique est viciée), je me demande s'ils ne sont pas Somaliens ou Maghrébins, et je me demande si leur présence dans ces postes n'est pas même un obstacle pour un Rom qui voudrait s'intégrer chez eux - et je me demande si vous êtes même capable de comprendre qui si pour les Beurs vous Pieds-Noirs êtes des Roumis, pour certains d'autres vous paraissez plutôt un peu Moustariba (c'est comme ça qu'on dit "arabisé"?).

(Si tel ou tel logiciel d'espionnage est la cause pourquoi l'autre ordi (à Bpi GP) était en panne tout alors, et si c'est pour la police, ne vous inquiétez pas, ça vient sur le blog. Patientez un peu!)

Votre propos que certains Roms pourraient loger chez les journalistes de Libération (je n'aime pas l'ajout "retourner d'où ils viennent", conduite à frontières de commune ou de pays devrait suffir) est pourtant bon. Sans doute qu'il y a des gens qui se demandent pourquoi vous à PRÉSENT n'invitez pas un droitiste comme moi. Mais si je l'étais, ça serait pour écrire. Bavarder avec éboueurs comme vous faites, j'ai fait avec un éboueur à Aix qui m'offrait qq fois un café. Mais bavarder avec eux ce n'est pas ni pour vous ni pour moi exactement la même chose que de travailler à leur côté.

Quand aux propos de Jeanne Smits, j'avais envie d'écrire une fantaisie sur les trois frères Daounce, Tézax et Éhalor ... dont le nom du dernier signifie biensûr un et alors qui refuse de se fâcher pour les faiblesses et franchement non-intégrations des frères Daounce et Tézax. Un bon Chrétien comme on les trouve dans les contes russes d'Afanasiev, quoi. Sur un autre genre de malthusianisme, j'avais aussi répondu dans la strophe finale quasiment un et alors? aux eugénismes sociales ou "pour le bien du concerné" et les moyens saugrenus employés: Mon Fils Encore Non Conçu.

Si quelqu'un ait pris ça comme un confession d'accord avec un Bergé qui n'est pas le Berger des ouailles du Christ, qu'il soit honni!

Hans-Georg Lundahl
Bpi, Georges Pompidou
Ste Thérèse de Lisieux
de l'Enfant Jésus et de la Sainte Face
3-X-2013

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