samedi 17 mars 2012

Contre le Fidéisme - et Contre le Quasi-Fidéisme des Athées

Il y a plusieurs divergences entre la culture chrétienne et la culture athée. Pour quelquesunes des divergences, l'église a décidé que ce qu'appellent les anglais "proof burden" ou tâche de prouver se trouve sur le chrétien vis-à-vis l'athée. De mémoire je cite l'origine divine de telle tradition plutôt que de telle autre, la résurrection et l'existence de Dieu avec les attributs de perfection absolue à la fois doivent être prouvées à l'athée et peuvent aussi l'être avant de lui imposer le devoir de les croire. Plutôt que de continuer la récherche en mémoire, je prends le commentaire ou hier j'ai noté les thèses que Louis Eugène Bautain a du soucrire:

Theses a Ludovico Eugenio Bautain iussu sui episcopi subscriptae, 8 sept. 1840 (et 18 nov. 1835); (sous Grégoire XVI); Theses de fide et ratione oppositae fideismo
  • 2751 / 1622 1. Le raisonnement peut prouver avec certitude l'existence de Dieu et l'infinité de ses perfections (-!). - La foi, don du ciel, suppose (est postérieure à) la revélation; elle ne peut donc pas convenablement (- !) être alléguée vis-a-vis d'un athée en preuve de l'existence de Dieu (cf.DS 2812).
  • 2752 / 1623 2. La divinité de la (La) révélation mosaïque se prouve avec certitude par la tradition orale et écrite de la synagogue et du christianisme.
  • 2753 / 1624 3 . La preuve, (de la révélation chrétienne) tirée des miracles de Jésus-Christ, sensible et frappante pour les témoins oculaires, n'a point perdu sa force et son éclat vis-à-vis des générations subséquentes. Nous trouvons cette preuve en toute certitude dans l'authenticité du Nouveau Testament (-! ), dans la tradition orale et écrite de tous les chrétiens. C'est par cette double tradition que nous devons la démontrer l'incrédule qui la rejette ( ceux qui la rejettent) ou a ceux (-!) qui sans l'admettre encore, la désirent.
  • 2754 / 1625 4. On n'a pas (point) le droit d'attendre d'un incrédule qu'il admette la résurrection de notre divin Sauveur, avant de lui en avoir administré des preuves certaines; et ces preuves sont déduites (de la même tradition) par le raisonnement.
  • 2756 / 1626 5. Sur ces questions diverses, la raison précede la foi et doit nous y conduire (L'usage de la raison précede la foi, et y conduit l'homme par la révélation et la grâce) (cf. DS 2813).
  • 2757 / 1627 6. Quelque faible et obscure que soit devenue la raison par le péché originel, il lui reste assez de clarté et de force pour nous guider avec certitude l'existence de Dieu, la révélation faite aux Juifs par Moïse, et aux chrétiens par notre adorable Homme-Dieu (La raison peut prouver avec certitude l'authenticité de la révélation faite aux Juifs par Moïse et aux chrétiens par Jésus-Christ).


L'angle de l'approche n'est sensiblement pas "telle chose est une divergence entre culture chrétienne et culture athée et là la preuve que la culture chrétienne n'ait pas tort doit être fourni par la culture chrétienne", néanmoins, pour ces quelques thèses telle est - sous cet autre angle - le contenu exacte de ces thèses. S'ensuit-il que sur tous les autres domaines où divergent les cultures chrétiennes et athées la preuve doive aussi être fourni par la partie chrétienne? Ou même sur chaque sous-entendu dans ces questions là? En chaque question, y compris le préjugé commun parmi les athées/agnostiques depuis Hume qu'une source qui contient des miracles n'est pas fiable, y compris le préjugé en faveur de l'héliocentrisme ou du darwinisme, l'athée est-il présumé, selon Grégoire XVI, sans faute jusqu'à le contraire soit prouvé à sa satisfaction parfaite subjective, quels que soient les obstacles qu'il pose à un débat rationnel, et en chaque chose où divergent les opinions entre l'athée et le chrétien, est-ce le chrétien et toujours le chrétien qui a "le devoir de prouver"?

Bien, franchement non. Je vais faire un bref résumé des choses présumables par le chrétien, à mon avis selon ma raison, et je serais prêt à défendre la liste ou plutôt chaque partie d'elle-même. Mais d'abord l'observation assez banale que si le chrétien est même tenu à prouver les observations assez banales aux athées, les règles de ce jeu là dépassent largement ce que visent les thèses imposées à Louis Eugène Bautain, et en plus les règles de ce jeu là rendraient caducs les possibilités de rationellement prouver ce que le chrétien est tenu de rationellement prouver. Voici ma petite liste (j'aimerais presque faire un chant comique style "I have a little list" tiré du Mikado par Gilbert et Sullivan, cette fois ci sur les niaiseries des athées, mais mon rhûme me prive des forces d'être si exubérant*):

  • La fiabilité grosso modo des traditions - de toutes les traditions (évidemment pas la fiabilité jusqu'en chaque détail, car il y a des contradictions entre les traditions, qui ne peuvent donc pas être toutes divines et inerrantes et infaillibles, uniquement la fiabilité grosso modo);
  • Une histoire connue selon toutes les traditions commençant récemment et comprenant selon la vaste plupart un déluge d'eau, universelle ou quasi-universelle, et qui en plus ne comprennent pas une conflagration universelle dans le passé, bien que partie regardent le futur comme en comprenant une;
  • La géocentricité, comme donné sensible;
  • La possibilité (pas encore dans l'argument facticité) qu'un Dieu créé le monde, fasse le déluge, tienne la terre en place et tourne le ciel, et que des anges meuvent les astres;
  • La préférabilité d'une explication qui identifie la réalité observé plutôt avec les circonstances observés qu'avec les circonstances inverses tant que cette explication est de tout possible;
  • La préférabilité également d'une explication qui identifie la réalité tradé par un tradition avec les circonstances au moins humainement observables qui l'entourent dans cette tradition, qu'avec quelque chose de dénudé répérable uniquement par la critique moderne;
  • La non-fiabilité, jusqu'à ce que l'athée fournisse la preuve de fiabilité, des disciplines comme astrométrie, astrophysique, paléontologie, psychiatrie*, critique textuelle antitraditionnelle.


Les athées que je connais me répondraient: mais là tu présumes déjà que Dieu existe! Si Dieu n'existe pas, et si les anges n'existent pas l'explication même contre-observationnelle même contre-intuitive est préférable tant qu'elle n'est pas surnaturelle! Bien, deux choses, et d'abord: je ne vois pas comment je serais obligé à entrer dans un jeu qui me paraît fourbe. Chaque athée reste individuellement libre à ne pas entrer dans le mien, mais il faut que nous les chrétiens gardions aussi la liberté de ne pas entrer dans le leur. Et en plus, logiquement, leur observation est une faute très commune dans leur maîtrise de la logique: la géocentricité ou géostationnarité présuppose effectivement Dieu comme explication, c'est précisement pour ça qu'elle fournit, une fois acceptée, une preuve de son existence. Néanmoins elle ne présuppose pas l'existence de Dieu dans l'ordre des preuves. La règle logique d'interdire "de présupposer ce qu'on entend prouver" interdit effectivement de présupposer comme preuve ce qu'on entend encore prouver: elle n'interdit pas de présupposer comme explication d'un fait allégué ce qu'on entend prouver de ce fait.

Reste le fait que les divergences entre culture chrétienne et culture athée ne sont pas toutes de nature purement théorique. On peut présumer comme étant malfaisant ce dont on observe malaise chez à la fois les usagers et le personnel. J'entendais juste l'histoire d'un expert psychiatre* qui se suicide 15 jours avant la retraite. Le raconteur dit "entouré par des cinglés il est devenu cinglé lui-même" - et je viens de répondre que quand j'étais en psychiatrie moi-même, c'est peut-être grâce au fait de ne pas présumer comme cinglés mes covictimes, de ne pas croire dans leurs diagnoses plus que dans la mienne, que j'ai évité de devenir cinglé. Et la réussite à rétablir une santé mentale est selon les dires mêmes des psychiatres assez faible. L'école obligatoire aussi donne des suicides chez les élèves comme chez les professeurs, et là je constate une réussite très faible quand à donner une éducation ou une culture correcte. Je vous donnerais un exemple.

L'autre jour je vois un vidéo où Dawkins et un politicien parlemantaire d'Australie débattent. Le politicien vient évidemment d'un endroit où un homme populaire peut être élu (sa locution est très populaire) et où un élu peut être respecté de manière qu'il s'impose comme politicien de ne pas prendre partie entre darwinistes et créationnistes de l'école de la jeune terre. Au lieu de répondre sur sa position, il dit donc qu'il y a des gens qui croient les deux choses, et qu'il ne veut pas imposer sa vue aux autres. Un exemple de modestie politique que des Lénines et des Stalines et des gens un peu plus proches que ça pourraient bien prendre. Les gens dans le talkshow semblent élus pour leur imbécillité, ou pour leur méchanceté, car il solde rigolade après rigolade. Dawkins finit par répérer qu'il croit la terre jeune ou il donne simplement un avis sur les autres qui la croient jeune. Il précise qu'entre les moins de 10.000 ans selon l'école terre-jeune et les "au moins 4.500.000.000 ans" selon l'école évolutionniste, l'erreur est non-négligeable. Parfaitement: mais il présume que sa méthodologie est audessus de tout soupçon d'erreur et que l'autre est ridicule. Je suis parfaitement d'accord avec Dawkins que si la terre est 4.500.000.000 ans de vieux, alors l'erreur des créationnistes est comme celle de prendre Amérique comme ayant la largeur de 8 yards (7.5 mètres ou qqc). Mais le corrollaire logique est que si la terre est réellement moins vieille que 10.000 ans, alors l'erreur de Dawkins est comme de prendre deux parcelles d'un parking, face en face, d'une longueur de 7.5 mètres pour ayant une longueur comme la largeur du Continent Américain. Ça aussi est une erreur non-négligeable. Et la boutade de Dawkins et la rigolade du public (issus sans doute des écoles publiques, les endroits fertiles en suicides et - aux États-Unis et en Allemagne - en fusillades, pour les élèves et pour les professeurs), ça ne dit rien sur la question qui est-ce entre Dawkins et les créationnistes jeune-terre qui aura la bonne méthodologie. Dawkins pourrait dire: je préfère de la vrai science à de la pseudo-histoire commes les généalogies de la Genèse. Je peux répliquer que je préfère de la vrai histoire, comme les généalogies de la Genèse, à de la pseudo-science.

Mais tant que non seulement les athées peuvent souffrir de psittaquisme (maladie du perroquet) et accuser chaque chrétien qui montre une simple foi dans les traditions d'être fidéiste et de présumer ce qu'il devrait prouver, mais aussi les ecclésiastiques peuvent les rejoindre dans ce psittaquisme, alors ce débat intéressant n'aura pas lieu.

Le même vidéo, Dawkins dit que chaque cardinal, archévêque, évêque, prêtre "digne de ce nom" est un croyant à la fois en Dieu et dans l'évolution. Il y a quand même des prêtres et des évêques qui ne sont pas évolutionnistes de tout, mais très strictement créationnistes jeune-terre. Serait-ce à Dawkins à dire qu'il soient "indignes"? Évidemment un Dawkins ne peut pas décider qu'un évêque ou prêtre qui croit la terre jeune ne soit pas un prêtre ou évêque digne de ce nom, comme un Mélenchon ne peut pas décider non plus que la cathédrale en voûtes rondes, opus romanum, ne soit pas une cathédrale parce qu'elle manque ce que l'opus francigenum ait éventuellement emprunté aux Arabes (si ce n'est pas aux Arméniens).

Hans-Georg Lundahl
Bibl. Buffon/Paris
Jour de St Patrick,
17 - III - 2012

*Il y a chez les psychiatres un préjugé contre l'exubérance. Au moins quand ils n'arrivent pas quand à eux avec leurs préjugés à comprendre pourquoi quelqu'un est exubérant. Il est arrivé à ma mère de revenir après une permission chez moi aux psychiatres et on l'a qualifiée de malade parce qu'après ma compagnie elle était plus exubérante qu'autrement. Avec un tel programme, quelle miracle si après il y a des gens qui se suicident - parmi les patients ou parmi le personnel! Avec un tel programme, quelle miracle si les gens qui les côtoient malgré eux sont souvent déprimés! Je viens juste aujourd'hui d'un endroit où on donne des petits-déjeuners aux sans-abris. J'ai quitté l'endroit peu après qu'un homme s'assoit à côté de moi, après de m'avoir serré la main et de m'avoir touché l'épaule. Je viens déjà de signaler que ce n'est pas des vieux hommes comme lui que je désire des marques d'affection: il est très loin d'être une jeune jolie fille, et j'en aurais déjà épousé une il y a très longtemps si des gens comme lui ne s'étaient pas mêlées dans ma vie.

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