Besancenot est parfois con quand il est d'accord avec Mélenchon ou Hollande. Mais il a ses moments lucides. Il félicite les ouvriers de l'usine Zanon, dans le Sud de l'Argentine, d'avoir après une occupation pu sauver leur usine. J'espère - le tract de NPA laisse la question à côté - qu'ils ont entretemps (l'occupation était en 2001) pu payer les expropriétaires expropriés d'une usine dont ils se voulaient de toute manière exproprier. Mais non sans récompense.
Bon, on peut donc vivre sans patron et gagner sa vie. Les patrons le font assez souvent encore - à moins de compter les banques qui leurs donnent crédits comme quasi-patrons tant que les patrons sont endettés. Les ouvriers de Zanon le font aussi, depuis 2001.
Plût à Dieu que ces luttes là n'eussent pas été le début d'un régime qui en 2004 vient de dénaturer le mariage. Je n'aime pas qu'on dénature les concepts, comme on peut lire dans le message avant, du 23 avril, jour où la France vient de suivre le mauvaise exemple d'Argentine. Le bon exemple (comme Zanon), on n'est pas si prêt à suivre.
Si je n'aime pas qu'on dénature les concepts, il ne s'agit pas juste du mariage. Je viens d'avoir un débat avec quelqu'un qui voulait que "nombres naturels, zéro, nombres négatifs, nombres réels, nombres complexes" ne fassent juste des sous-ensembles d'un concept plus vaste de "nombre". La bonne définition était biensûr celle de ce qu'on appelle de nos jours "nombres naturels". Sans doute choisis parce que les "autres nombres" ne sont qu'artificiellement comptés comme nombres, ou parfois n'existent même pas sauf comme vue d'esprit (c'est le cas avec zéro et avec i, par exemple).
La déontologie médicale vient aussi d'avoir ses bouleversements sans nécessité.
La Loi Leonetti, ça donne comme je viens de lire chez Jeanne Smits en Présent, encore un meurtre collégialement décidé et en train de se faire (ou déjà accompli?) par des docteurs qui suivent les nouvelles instructions. Comme cette barraque à Dachau ou les prisonniers se mouraient par manque d'hygiène dans la typhoïde et les gaz produits par entrailles typhoïdes, car les gardiens avaient l'ordre de ne pas leur apporter de l'eau et de savon, ni ils n'enlevaient les cadavres. Trouvée en cet état par Secours Catholique en 1945. Ceci n'est pas une conclusion ou rumeur possiblement fausse entre les prisonniers sur la nature des chambres de gaz, mais un crime attesté par des témoins qui n'étaient pas en état de traumatisme avant. Un crime purement négatif, pourtant un crime. L'hôpital où se meurt (s'il n'est pas déjà mort) "Hervé" (comme le nomme Jeanne Smits) en fait un autre.
Je me demande si ça retombe sur l'acceptation moderne du Serment Hippocratique. Ma mère ne l'a pas juré, elle avait ses doutes de conscience sur la licéité pour un chrétien (pour un homme de tout, mais un payen Grec aurait eu des excuses, peut-être) de jurer "par Apollon et Æsculape". Quel est l'Apollon par lequel ils jurent? Dans la Renaissance, Apollon et Æsculape étaient pour les médecins qui prêtaient ce serment deux médecins, humains, qui ont fondé l'école qui plus tard aura Hippocrate et St Luc et les saints Côme et Damien (qui ont été trahis par leurs collègues). Apollon dans le serment d'Hippocrate n'avait donc rien à voir avec Apollon le Delphique, le démon qui possède les Pythies, sauf le nom.
Si on croit que les Pythies ont été possédés par un ou plusieurs vrais démons, qui s'est ou qui se sont présenté aux pauvres payens comme "Apollon" (mais parfois aussi, comme en Iliade chant premier, plus honnêtement, Apollyon), et si on croit qu'il y a eu un vrai Æsculape qui identifiait son père comme Apollon, alors on peut avoir plusieurs hypothèses sur ce dernier. Soit Æsculape ne connaissait pas son père, soit il était comme Merlin l'Enchantateur issu d'une ravi par un démon, et dans les deux cas il a pu considérer qu'Apollon la divinité était son père, soit encore, son père avait, comme un ami de St Paul, simplement été appelé Apollon, mais il était, comme le considérèrent les médecins de la Renaissance, ensuite adoré comme identique avec Apollon de Delphes par les payens. Identification qui n'oblige en rien les médecins chrétiens.
Depuis un peu plus récemment que la Renaissance le monde érudit dans son vaste ensemble ne favorise plus de croire que les Pythies ont été possédés par un ou plusieurs vrais démons, ni de croire qu'il y ait eu un vrai Æsculape qui identifiait son père comme Apollon. D'où un certain glissement dans l'acceptation du serment d'Hippocrate, depuis la Renaissance. Un médecin de nos jours peut considérer Æsculape avec son père Apollon comme des fables, issues non pas de l'embrouillement des concepts parmi les payens, mais de la crédulité et du fanatisme. On se demande avec quel esprit il va alors prêter le serment d'Hippocrate.
Il pourrait théoriquement aussi considérer comme plus probable qu'Æsculape avec son père Apollon sont des fables, mais quand même par quelque jeu dangéreux avoir l'intention de prêter serment par Apollon, "dieu" de la peste dans l'Iliade, "dieu" des médiums possédés dans l'Ænéide et dans pas mal de tragédies, et "dieu" destructeur pour Cassandre, pour Acrise et Œdipe, pour Agamemnon et pour Oreste, pour Crœsus et tant d'autres malheureux, y compris les Achaïens non seulement par la peste mais aussi par la colère d'Achille, et ce jeu là est spirituellement une ouverture au diable.
Si on regarde des choses que des médecins ont fait dans les cent ans passés, on croit possible ou même probable que des médecins aient prêté le serment d'Hippocrate dans ce sens là. Une exception honorable à ce soupçon est biensûr Xavier Dor. Je crois que je venais de dire que Mélenchon est con, il l'est par exemple quand il prend le temps que Xavier Dor a fait en taûle comme une réfutation du fait éclatant que celui-ci est un rayon de lumière dans un ténèbre ou crépuscule assez fréquent dans la profession de mes deux parents. Quand ma mère étudiait encore, et quand elle faisait son "practicum" dans divers hôpitaux, elle n'aurait jamais consenti une quelleconque euthanasie. Et elle voyait quand même des vieux et des vieilles en très divers états.
Hans-Georg Lundahl
In Pompidolianâ Bibliothecâ
quelque anniversaire de Kierkegaard
Dimanche, Sixième de Pâques
5-V-2013
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