Et il y a des proprios ou locataires d'immeubles qui aiment les sdf uniquement dans le 115. Cette nuit un homme appartenait à la seconde catégorie, ce matin un patron à la première*.
La baffe du patron - après quelques provocs des deux côtés - m'a moins insulté que l'homme qui avait "menacé" d'appeler la police, comme si je ne partait pas autrement et ensuite essayé de me soudoyer avec argent. Il y a eu d'occasions qu'on m'a demandé de partir à deux heures du mat ou à six heures, j'ai dit "appelez la police".
Mais sans avoir peur des polices, qui ne sont pas autorisés à me faire quoi que ce soit si je pars et si j'ai mes papiers, je trouvais quand même assez ignoble et hystérique de me dire le mot "police" dans la première réplique.
Au fond: il y a des gens qui sont devenus sdf pour des motifs déshonorants pour eux. Il y a des gens qui se sont laissé déshonorer après. Il y a des gens qui trouvent normal de ne pas pouvoir s'asseoir dans un café ou de ne pas pouvoir dormir autrement que dans les dortoirs ou avec un groupe. Ces gens là, il y en a qui boivent pour oublier cette honte. Ou simplement pour supporter le froid ou les bruits d'un dortoir.
Moi, je bois aussi des fois, mais c'est quand je suis avec des gens que je respecte ou autrement avec bonne modération.
Avant de devenir sdf, j'avais embrouillé une amitié sur internet, mais les propos de mon ami, c'est clair que les pariahs ou dalits d'Inde sont Stockholmisés*, et je n'ai pas envie de me Stockholmiser* moi-même jusqu'à trouver normal que je sois traité de tel manière.
Mais peut-être le patron avait un frère décédé en Afghanistan ou un cousin professeur de gauche ou quelque chose comme ça?*** Il y a des gens qui connaissent bien mes écrits sans en vouloir avoir l'air de le faire.
Hans-Georg Lundahl
Beaubourg
11 janv. 2012
*J'avais écrit "deuxième", le patron avait une bonne droite - digne d'une meilleure cause, à mon avis.
**http://fr.wikipedia.org/wiki/Syndrome_de_Stockholm
***voir l'article précédent
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