dimanche 15 juillet 2012

Contra Golias et Bultmann

913 ans après la prise de Jérusalem (sauf pour les jours qui ont changé par la réforme papale du calendrier civile, réforme des jours bissextiles entrainaint aussi d'ôter quelques jours pour compenser les jours bissextiles de trop - selon la réforme - depuis Nicée, 325) je viens de lire un truc qui serait amusant s'il n'était pas triste.

N'ont-ils pas à l'époque adhéré au dogme de l'Assomption de la Vierge, proclamé en 1950, et selon lequel celle-ci avait été, au moment de sa mort, corps et âme au ciel? ... Et nos eucharisties n'en continuent pas moins, malgré la réforme liturgique, à s'adresser à un "Dieu Tout-Puissant". Ce dernier est ailleurs prié d'accepter ce "sacrifice", dit-on après "l'offertoire", tout comme les dieux d'autrefois. Le problème est que, que pour l'homme moderne que nous sommes, ce ciel-là n'existe plus.


Grace à C. S. Lewis, je viens d'avoir ancré dans ma sensibilité religieuse, même avant ma conversion catholique, que le Ciel est vraiement un lieu. D'ailleurs, il doit être un lieu parce qu'il contiendra les pas seulement âmes mais aussi corps des justes, il contient déjà l'âme et le corps de Notre Dame depuis le jour ou les quelques jours après la fin de sa vie mortelle - St Thomas ouvrit son tombeau le troisième jour et le trouva vide sauf pour voile et ceinture - alors, comment dire au Chrétien que je suis "ce ciel là n'existe plus"?

Bultmann, "théologien" effectivement Protestant a été cité par les écrivains de Golias. Bien, le disciple de C. S. Lewis que j'étais en encore Protestant a appris une chose ou deux à propos les inepties d'un Bultmann ou de ses disciples. On cite Bultmann à propos l'autre chose que cet "homme moderne" qui pense parler pour la totalité des hommes vivants aujourd'hui, mais qui ne parle vraiement pas pour moi, n'arrive pas à croire: Dieu Tout-Puissant.

L'écrivain ajoute Dieu Tout-Puissant à une liste où même Bultmann et John Robinson ne l'a pas mis. Une liste donné par ce dernier en Honest to God, en français Dieu sans Dieu. Le tître anglais vient de provoquer une boutade par CSL. Un athée populaire serait d'accord avec "l'évêque" Robinson sur ce qu'il dit, mais il le trouverait malhonnête si en croyant ça il continue à servir comme évêque d'une église quand même censée être chrétienne. CSL dit alors, qu'il préfère être honnête que d'être "honnête à Dieu" - c'est à dire, que lui-même il trouve "His Highness Bishop" Robinson, et son livre avec, malhonnête.

Mais allons à l'essentiel dans le miraculeux, qu'il s'agisse de naissance virginale ou de Dieu Tout-Puissant qui la rend possible même si elle ne l'est pas par nature. Bishop Robinson aurait sur p. 48 qualifié au moins les miracles comme "mythologie d'un âge préscientifique". Et l'écrivain de Golias avait aussi fait appel à un - peut-on dire "snobisme chronologique" sans révéler immédiatement qu'on ait eu une formation par CSL (ou, autre possibilité, mais pas le fait, par son ami Owen Barfield)? - dans sa propre bouche:

Ce dernier est ailleurs prié d'accepter ce "sacrifice", dit-on après "l'offertoire", tout comme les dieux d'autrefois.


Le prêtre sédisvacantiste chez qui j'ai assisté la messe ce dimanche matin aurait peut-être quelque chose à dire sur cette validation indirecte de la "nouvelle messe" comme un "sacrifice de la messe", mais chez lui je ne risque pas d'être en communion avec cet écrivain de Golias qui aurait voulu une autre réforme liturgique, une réforme qui n'aurait pas laissé une trace du sacrifice de la messe. Mais si on passe sur ce que le prêtre sédisvacantiste aurait pensé, il est notable que son motif à lui, à cet écrivain de Golias, était qu'il lui était pénible à partager l'humanité mythologisante des gens qui sacrifiaient aux fausses divinités à Our en Chaldée et autre part.

Or, le problème en Our de Chaldée était précisemment les fausses divinités, pas le divin, et le sacrifice malplacé, pas le sacrifice.

Le sacrifice au temps d'Abraham était souvent sanglant. Ce n'est pas parce qu'il était superstitieux, mais parce que Notre Seigneur n'avait pas encore institué le Sacrifice dont la forme quotidienne est non-sanglante. Il l'avait par contre déjà dès l'éternité décrété et il donna à un roi-prêtre de Salem, un juste parmi les nations, à offrir un sacrifice au Très Haut par l'oblation de pain et de vin.

Je ne comprends pas en quoi je serais plus étranger à Abraham ou à Melchisédec qu'à ce prêtre sédisvacantiste. Je ne comprends pas non plus pourquoi je serais plus uni à Bultmann et son système qu'à le roi de Sodome.

Mais pour ce fameux "homme moderne" - celui pour qui Dieu n'est plus Dieu et le Ciel n'est plus le Ciel - la distance chronologique serait une forme d'obligation à une distance intellectuelle.

Parce que Notre Ère a plus d'expérience que celle quand Abraham s'est séparé des rois d'Our et s'est uni au roi de Salem, il semble à cet homme moderne que Notre Ère a plus de savoir. Mais l'expérience ne s'est pas accumulé sans cesse, sans relâche, sans oubli. Même cet homme moderne connaît une période qu'il identifie à celle de l'oubli, le Moyen Age. Non, il ne l'est pas. Mais des périodes de l'oubli, il y en a eu génuinement. Comme les Lumières et Michelet étaient une période très génuine d'oubli du passé chrétien du Moyen Age. Mais ce n'est pas juste ça, c'est aussi que l'expérience dans les choses de bien donne le savoir, l'expérience dans les choses du mal donne l'illusion. C'est finalement que même là où le savoir s'accumule sans relâche notable, là où un est sans hésitation plus érudit que l'autre, le plus érudit n'a pas à dire que le moins érudit ait tort sur l'essentiel juste pour la différence d'érudition. St Thomas dit qu'après L'Incarnation de Dieu - un de ces conceptes que le Bultmannien Robertson qualifia de mythologie préscientifique - une femme menagère - si elle est Chrétienne, biensûr - a davantage de savoir sur Dieu que les plus savant philosophes avant l'Incarnation. Ce n'est pas faux. Mais il y a des snobs qui s'y satisfont pas. Comme ce fameux "homme moderne" qui croit parler pour tous les hommes contemporains et qui se trompe tant que je suis en vie et non apostat, et qui se trompera encore après ma mort tant que d'autres ne seront pas morts ou apostats. Plutôt que d'être homme moderne, je préfère être Touille-Marais tradi. Même s'il n'y a pas de Touille-Marais, je préfère ça à la modernité.

Et telle a été ma préférence depuis très longtemps. J'avais marché en 2008 avec un italien qui a gardé quelque contact. Il parlait du voyage avec les pieds et le voyage intérieur. Je répliquais que le voyage à pieds me sert plutôt à ne pas voyager trop loin du marcheur que ma mère a élevé il y a 35 ans (après quelques interruptions pendants mais 9 premières années). Et aussi en Chrétien, je ne veux pas m'éloigner trop loin de celui que ma mère a élevé à cette époque là. Si alors j'étais Protestant et maintenant je suis Catholique (mais, notons le, pas un de ces Catholiques ouverts qui ont la nostalgie de Bultmann!) c'est en partie parce que C. S. Lewis, lumière non complète mais incontournable, comme Tertullien, un peu, contre les Bultmann, parce qu'en raisonnant quelques rares fois contre le Catolicisme, il était moins lui-même et un peu plus proche de Bultmann qu'autrefois. Et biensûr à cause d'une solide dévotion eucharistique et mariale depuis Vienne.

Tout ce qu'il y a des développement intellectuel chez moi après, mais vraiment tout, ou avec très peu d'exceptions a été dans cette ligne là. Et si je suis géocentrique, c'est que je crois à ce ciel qui n'existe plus pour le pauvre homme moderne. Pauvre, car appauvri. Appauvri car privé du géocentrisme si immédiat pour les yeux et les oreilles intérieures et si immédiatement supranaturaliste pour la réflection. Privé car autoprivé par son snobisme d'homme moderne.

Hans-Georg Lundahl
écrit à Beaubourg
7e Dim. après Pentécôte,
Mém. de S. Henri II, empéreur
15-VII-2012

1 commentaire:

  1. Je viens deux fois de parler de St Thomas, mais il s'agit de deux personnes. L'un était St Thomas Didymus, l'autre St Thomas d'Aquin.

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