Je viens de lire les trois bouquins (Tolkien refusait de les appeler une trilogie, c'est un roman en six livres plus des avant-propos et appendices mais en trois volumes) une dixaine des fois. Je peux dire que les problèmes qu'on soulève à propos Harry Potter, il n'y en a pas, ou pas de même façon de tout. Mais j'ai aussi été interdit de les lire par un père confesseur pendant une période, à propos le fait que j'avais eu l'admonition d'éviter ce qui me faisait peur et de lui avoir dit que telle scène (en occurrence les Cavaliers Noirs quand ils vont pour Frodon à Weathertop) me faisait effectivement peur. J'ai tellement regretté l'interdit que j'ai consulté un autre prêtre qui m'a repermis de les lire et mon père confesseur habituel de l'époque avait respect pour la culture de l'autre prêtre qui était mon "docent" en latin à l'université de Lund.
Le premier problème est que si l'ordre moral de l'univers n'est pas brouillé en soi dans les livres, le personnage principale est Frodon qui sciemment brise cet ordre en utilisant l'Anneau plusieurs fois "par nécessité" et qui en souffre. C'est quand même avec une personne qui met son âme à haute risque que le lecteur s'identifie. Même en plaçant son identification plutôt chez le moins trouble Sam Gamgee, il s'agit d'une personne qui fait la même chose une fois. Là Tolkien s'est créé une embrouille lui-même en approfondissant ce qui était au début un jeu insouciant avec un objet magique trouvé dans le roman pour enfants Bilbon le Hobbit. Je me demande si ce n'est pas probable que ce soit sur conseil de son père confesseur qu'il ait du approfondir les questions.
Le deuxième est que le problème moral de l'Anneau est très calqué à l'addictologie. Il peut y avoir des gens qui ont des vrais et bons motifs pour maintenir tel ou tel droit et qui sont tamponnés comme addictes par assimilation à Frodon ou espécialement à Gollum. Quand Simon Tolkien voulait avoir quelque chose à dire sur les droits d'auteur qui retombent à son père, Christopher Tolkien, après le décès de John Ronald Reuel, il a été repoussé. Quand il écrivit là-dessus, il utilisait sciemment une phrase emprunté à Gollum. Maintenant on lit très peux sur cette querelle sur son site.
My father moved to the South of France with his second family and I hated having to be away at school. I missed My Grandfather very much. My father has always been in charge of My Grandfather's literary estate, and about four years ago he started to think about who would succeed him on the board of the company which administers the Tolkien estate. He named new directors to join him and I was not one of them.
C'est tout. Avec le fait qu'il n'était pas consulté pour les films de Peter Jackson.
Mais il y a un point: l'attitude vis-à-vis les droits autoprésumés des gens présumés par d'autres êtres addictes a empirée, et la latitude avec laquelle on tamponne quelqu'un comme addicte a augmenté. Ce n'est pas tout à fait un phénomène qu'on aurait attribué à un autre auteur anglais catholique, Gilbert Keith Chesterton. Et John Ronald avait une enfance et jeunesse après le décès de sa mère (qui était déjà veuve de son père) partagées entre un tuteur légal, un Prêtre catholique, et de la famille qui étaient Méthodistes. Et les Méthodistes ont une vue plus sombre d'un homme qui vit dans la rue et qui reclame la liberté de boire, même sans se trouver en ivresse manifeste.
Le troisième est si on veut plus banal. Les êtres angéliques s'incarnent dans ce roman: le bon Gandalf, le méchant Sauron (lietenant en chef du diable selon Silmarillion et d'un diable qui lui-même était incarné avant), et le bon-au-début qui chute pendant cette incarnation, Saruman. C'est un peu autre chose que ce que St Thomas dit sur le fait qu'ils peuvent "assumere corpus". Également la chute de Numenor quelques millénaires avant le roman est censé avoir eu lieu avant les Glaciations qu'il place avant le Déluge*, et la chute de Barad-Dûr, dans le roman lui-même, serait la date donné par l'anglicain Usher pour la Création. Pourtant, sous Pie XII on a apperçu une certaine latitude à propos la chronologie biblique. Il y en a qui ont opté pas dans les romans mais plus sérieusement pour l'évolutionnisme à cette époque. Ceci pourrait être connexe au projet de réconstruir une mythologie d'avant les mythologies payennes qui sont certainement en partie gâchées par les erreurs polythéistes - et de ne pas le faire à partir des données prises comme historiques dans les diverses mythologies (il y en a qu'un Chrétien peut très bien prendre comme historiques, tel l'existence historique de Hercule et, une génération plus tard, d'Énée, ou chez les Nordiques le regne d'Odin sur Upsale ou chez les Celtes les Cours de Conor Mac Nessa et de Finn Mac Cool), mais de les attribuer à des mémoires brouillées d'une autre mythologie, plus proche de la vérité chrétienne. de toute manière, Tolkien n'a pas voulu entrer en conflit avec cette vérité sur un quelconque point qui lui paraissait important.
Faire des êtres angéliques collaborateurs dans l'ordre encore à donner à la création visible rappelle une erreur Talmudique - et Tolkien avait peut-être des amis Juifs, tout en étant lui-même Catholique. Il se distance de cette erreur en insistant que les "Enfants d'Iluvatar" - Elfes et Hommes - ont été formés par Lui Seul. Chez les Juifs l'erreur va jusqu'à l'exégèse du verset "Puis Dieu dit : « Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu'il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur les animaux domestiques et sur toute la terre, et sur les reptiles qui rampent sur la terre. » "** - selon eux le pluriel serait du à la collaboration des anges en créant l'homme. En ceci Tolkien ne les suit pas.
Que les êtres angéliques participent à l'ordre de la création une fois qu'elle est déjà faite, par exemple qu'un ange conduit le soleil et un autre la lune (ceci en Silmarillion, pas le Seigneur des Anneaux), n'est pas une erreur doctrinale. On le trouve chez St Thomas d'Aquin aussi: en général dans la somme, ailleurs même explicitement à propos les astres.*** On le trouve plus explicitement aussi quoique indirectement en ce que l'évêque Tempier ne condamne pas en terme des moteurs célestes tout en condamnant la thèse que les anges conduisent les astres comme le font les âmes avec les corps.°
Et n'est pas une erreur doctrinale non plus de retenir le merveilleux°° - même pas divin, même pas approuvé par l'église - face au scepticisme stupide. L'alternative est immoralement taxer trop d'hommes soit de mensonge, soit de folie. Et cette alternative est logiquement impliquée dans le rejet des témoignages que la théologie connaît comme "motiva credibilitatis". Si on raisonne avec un athée, on ne peut pas lui dire: "je crois la Résurrection, puisque l'église à approuvé le témoignage des Apôtres là-dessus": car l'église elle-même est fondée sur ce témoignage. Alors, on ne peut pas non plus rejeter comme non ayant eu lieu tout merveilleux qui n'est pas approuvé par l'église. On peut le soupçonner d'être soit diabolique (comme les pères non humains de certains héros, ou la magie avec laquelle Odin se présentait en Upsale et fut reçu comme un dieu) soit non-important (la prouesse de Hercule, par exemple, si on exclut la résurrection d'Alceste comme une mort mal diagnosée ou comme un transfert des miracles d'Élie et d'Élisée entre les faits et le temps quand on raconte ceci): mais on ne peut pas en bonne théorie du savoir exclure toute la légende héroïque de la mythologie grecque (la Théogonie est autre chose) de l'histoire par cause unique des éléménts merveilleux°°° en même temps qu'on y inclut l'Évangile. Et les époques européennes qui croyaient l'Évangile avec plus de clarté dans les conceptes que les Calvinistes n'ont pas exclu la légende grecque de l'histoire, et les époques qui l'ont exclu de l'histoire ont aussi pour ce motif exclu de plus en plus l'Évangile lui-même de l'histoire.
Comme les mêmes époques, en excluant les anges comme moteurs des corps célestes ont de plus en plus nié que Dieu meut tout le Ciel chaque jour et même que Dieu l'a créé.
Donc, il y a des choses chez Tolkien que certains trouveraient problématique que je ne trouve pas problématiques du tout. Des choses que je retiendrais, même si par quelque répétition du procédé d'avant je serais pour quelque temps obligé de me passer de la relecture. Sans parler d'avoir appris des choses dans la morale par l'attitude de Gandalf, par exemple vis-à-vis Grima (comme de Gimli face à Saruman) chez Théoden ou dans Le Dernier Conseil. Sans parler d'avoir appris l'anglais si bien grâce à lui et à son ami C. S. Lewis. Sans parler du fait que ce sont eux avec très peu de potes qui ont aidé à me construir pendant mon age puéril et adolescent, quand d'autres sans-père-présent et harcelés se construisent par exemple chez des psychologues ou dans les réseaux homosexuels ou par un élitisme purement culturel (en Chrétien je me sentais quand même élitiste parmi les athées qui m'entouraient) ou d'autres choses semblables ...
Hans-Georg Lundahl
Bibliothèque d'Italie
Sts Ewalds
3-X-2012
"Apud antiquos Saxones sanctorum Martyrum duorum Ewaldorum, qui, cum essent Presbyteri et Christum ibi praedicare coepissent, comprehensi sunt a Paganis et occisi; ad quorum corpora noctu lux multa, diu apparens, et ubi essent et cujus essent meriti, declaravit."
*Ceci non selon le roman, mais selon un roman inachevée, The Lost Road, dont les personnages (père et fils) font un voyage en remontant le temps en plusieurs étapes. Mais peut-être est-il injuste de censer parmi les problèmes de son oeuvre publiée des détails d'une oeuvre non publiée.
**J'avais retenu en mémoire je ne sais d'où que le verbe "dit" en Hébreux serait aussi un pluriel à signification réflexive ou réciproque. Mais l'affirmation de la Sainte Trinité reste là quand même dans le pluriel de faisons / faciamus / poiesomen des traductions et donc d'un autre verbe Hébreu.
***Car les savants lui attribuent ces propos. Plus précisement Thomas Litt, comme je rappelle dans mon essai:
"Les moteurs des corps célestes"
http://hglundahlsblog.blogspot.fr/2010/09/les-moteurs-des-corps-celestes.html
°XII:1 siue 92 propositio condemnata
http://enfrancaissurantimodernism.blogspot.fr/2012/01/capitulum-xii.html
°°Le dialogue entre Gaffer Gamgee et Ted Sandiman.
°°°Il y en a qui excluent à cause de la distance temporelle entre les faits et les dits: mais ceux-ci sont aussi souvent sceptiques à propos la Genèse (puisque Moïse est autant plus tard que les derniers Patriarches racontés dedans qu'Homère est de la Guerre de Troie et du retour d'Ulysse à Ithaca) et à propos pas mal du contenu de Legenda Aurea dont nous manquons parfois des sources plus proches de la vie même. Je viens juste de défendre la Légende de St Roch contre un tel sceptique, un historien suédois. Et ce scepticisme qui se veut purement formel, à propos les sources tardives par rapport aux faits, le devient facilement surtout matériel, à propos le merveilleux. Ou deutéroformel sur les manuscrits par rapport aux oeuvres. Le plus vieux manuscrit de César, Bellum Gallicum, est d'un monastère effectivement situé en Gaules, c'est à dire déjà en France. Pourtant il est plus probable de trouver un négateur de l'Évangile par rapport à un siècle ou deux de décalage avant les premiers manuscrits complets, que de voir la même personne nier que César ait conqui les Gaulois. Quand on le lui reproche il se retranche dans les preuves archéologiques, mais la plupart des battailles n'ont pas été retrouvés et les preuves de culture romaine auraient pu avoir une autre origine que la conquête.
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